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EDITORIAL

IRAN- ISRAEL : le jeu trouble de la Russie en Syrie



La question des relations entre la Russie et Israël devient un des enjeux centraux de la reconfiguration très périlleuse au Moyen-Orient. En prenant le soin de consulter et de prévenir Vladimir Poutine en préalable à la riposte israélienne du 9 mai 2018 contre les positions iraniennes en Syrie, Netanyahu a confirmé la ligne à laquelle il se tient précautionneusement depuis 2015, lorsque la Russie décida de s’engager militairement aux côtés de Bachar el-Assad, il garda bien de critiquer cette ingérence, pourtant décisive dans l’évolution du conflit syrien. Après un incident qui aurait pu être dramatique, un mécanisme a été mis en place entre les deux pays pour coordonner leurs activités dans le ciel syrien. Les israéliens n’interfèrent dans les manœuvres militaires russes en soutien aux forces de damas, sous réserve que les Russes ne se mêlent pas des raids menés par Israël contre les positions du Hezbollah en territoire syrien.

Avec un peu plus d’un million de citoyens issus de l’ex espace post- soviétique sur plus de 8 millions d’habitants dont près de 2 millions d’arabes, Israël entretient avec la Russie des liens à la fois étroits et ambigus, de façon presque symétrique , l’influence d’Israël reste importante en Russie, 1 million de juifs vivent sur le territoire de la fédération de Russie, et les liens sont intenses , en particulier dans le domaine économique, où l’on compte de nombreux investisseurs mutuels et des échanges financiers importants, la langue russe est de facto la troisième après le hébreux et l’arabe, et deuxième selon les municipalités.

A priori, l’implication russe en Syrie va à l’encontre des intérêts israéliens, Moscou a soutenu de manière déterminante l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, ce qui n’a guère plu à Netanyahu, et a même livré des systèmes de missiles sophistiqués S300 voire S400 à l’Iran. Mais les réalités sont ^lus complexes ; la Russie tarde ainsi à doter les troupes Bachar des moyens de défens anti-aériens performants dont elle dispose ce qui compliquerait les frappes israéliennes. Autre indice, le 6 avril 2018, dans un communiqué très discret, la Russie a reconnu Jérusalem-Est comme la capitale d’Israël. Pour sa part, Israël ne veut à aucun prix provoquer la Russie et, tout au contraire, avance ses pions dans la sphère postsoviétique, afin de renforcer sa stratégie de confinement de l’Iran, par exemple en Azerbaïdjan, Netanyahu a choisi de donner un rôle central aux Russes afin de contenir leur capacité de nuisance, l’essentiel étant de limiter les livraisons d’armes made in Russia aux mollahs.

De fait, Moscou s’impose désormais, en grande partie à cause de la ligne très conflictuelle de Trump au Moyen-Orient, comme un intermédiaire privilégié entre Israël et l’Iran. Pour jouer le go-between et faire baisser la tension, le Kremlin appelle les deux parties antagonistes au dialogue, la valeur ajoutée de la Russie c’est qu’elle garde de bons contacts avec des forces auxquelles les autres acteurs des conflits régionaux refusent de parler : le Hamas ; le Hezbollah, l’Iran, les Kurdes… De toute façon les frappes israéliennes ne menacent en rien la stratégie de la Russie en Syrie. Netanyahu a contribué à faire de la Russie un arbitre, une puissance incontournable au Moyen-Orient.