On a beaucoup dit que les 3600 morts du 11 septembre constituaient la sanglante facture payée par les États-Unis pour l’arrogance avec laquelle ils imposent aux plus faibles leur hégémonie. Le fil qui a mené à ce carnage remonte en fait plus loin, et ne concerne pas la seule hyper puissance américaine sur laquelle l’Europe se défausse un peu vite de ses propres méfaits. Restés l’unique superpuissance au lendemain de l’effondrement et la disparition de l’URSS en 1991, les États-Unis ont été amenés à être considérés comme l’unique pôle structurant du nouveau monde, au moment précis où leur puissance économique et financière est fortement affaiblie, où leurs problèmes intérieurs immenses vont mobiliser leur énergie, et où ils s’engagent sur la voie d’un repli militaire général. Pourtant, faute d’alternative européenne qui n’est pas près de se concrétiser, et par crainte d’une option japonaise, les États-Unis se voient à nouveau confirmés dans leur rôle de 1945 : bienfaiteur bienveillant de la planète tout entière, à la puissance et aux ressources illimitées.